APLV et intolérance au lactose chez le nourrisson
L’intolérance au lactose, répandue chez l’adulte, est plus rare chez le nourrisson. Bien que rare à cet âge, comme le jeune enfant se nourrit exclusivement de lait lors des premiers mois de sa vie, il est important de détecter l’intolérance au lactose. Elle est parfois confondue avec l’allergie aux protéines de lait de vache (APLV). Il faut donc savoir faire la différence entre APLV et intolérance au lactose chez le nourrisson, afin d’adapter correctement son alimentation.
Composition du lait
Le lait est l’élément principal de l’alimentation infantile chez tous les mammifères. Il permet d’assurer le bon développement du nouveau-né grâce à sa composition variée en différents nutriments. Le lait de vache contient notamment des nutriments tels que des glucides (4.8 %), des protéines (3.2 %), des lipides (1.5%), des vitamines (A, D, B, …) et des minéraux (calcium, potassium, …). [1]
Les protéines du lait, des potentiels allergènes [2]
Les protéines sont les deuxièmes composant principaux du lait. Celui-ci contient entre 3 et 3,5 g de protéines pour 100 mL, dont 80% sont des caséines et 20 % des protéines solubles.
Parmi les protéines du lait, il existe plus de 20 allergènes, dont l’α-lactalbumine, la β-lactoglobuline, les immunoglobulines et l’albumine sérique. La plupart des enfants sont sensibles à plusieurs protéines.
Le sucre du lait : le lactose
Le lactose est le sucre naturellement présent dans le lait. Le lait de vache en contient 5g pour 100 mL. A titre de comparaison, pour le même volume, le lait maternel contient 7.5 g de lactose. [3]
Le lactose est un composé très important car il contribue à une grande part de l’énergie totale quotidienne chez le nourrisson.
Les allergies aux protéines de lait
Le lait de vache est une denrée très consommée et notamment utilisée comme base pour la fabrication des formules infantiles. Or, en Europe, entre 0.5 et 4.9 % des bébés souffrent d’APLV. [4]
L’APLV, l’allergie la plus courante chez le nourrisson [3]
Une allergie se traduit par une réaction excessive du système immunitaire à une substance étrangère appelée allergène. Pour limiter les symptômes induits par l’allergie, la solution est d’éviter tout contact avec l’allergène.
L’allergie aux protéines de lait de vache, ou APLV, est l’allergie la plus courante chez le nourrisson. Elle apparait généralement durant les 2 premières années de sa vie.
L’APLV est une réaction indésirable reproductible à une ou plusieurs protéines du lait de vache. A l’identique des autres allergies alimentaires, l’APLV peut-être :
- Médiée par les immunoglobulines E (IgE),
- Non médiée par les IgE,
- Médiée et non médiée.
Symptômes et conséquences de l’APLV [3]
Les réactions dépendent du type d’allergie. Si elle est IgE médiée, l’allergie entraine des réactions cutanées, des gonflements du visage et des réactions allergiques sévères telles que l’anaphylaxie. Dans le cas d’une allergie IgE non médiée, le nourrisson peut souffrir de vomissements, de diarrhée, de difficultés à s’alimenter, des problèmes de sommeil et un retard de croissance. D’autres symptômes sont possibles : inflammations de l’œsophage, eczéma et problèmes respiratoires.
Le diagnostic de l’APLV [3]
La détection de cette maladie est nécessaire afin d’éviter un régime d’éviction inutile. Le diagnostic doit donc être effectué dès l’apparition des signes et symptômes. Il peut être effectué à l’aide de différents examens, tels que l’anamnèse clinique, un examen physique, des tests allergiques IgE spécifiques, des tests cutanés, et parfois des tests de provocation orale.
Quelles stratégies mettre en place ? [3]
Dans le cas d’un nourrisson qui n’est pas allaité, la première solution est l’éviction stricte des protéines du lait de vache. Il faut alors le remplacer par une formule à base de protéines de lait de vache fortement hydrolysées ou d’un hydrolysat de protéines de riz.
L’intolérance au lactose
L’intolérance au lactose se traduit comme une incapacité du système digestif à digérer entièrement le lactose. Il existe des intolérances temporaires, par exemple à la suite d’une infection par un pathogène, mais certaines intolérances sont présentes à vie. Elles surviennent généralement en vieillissant.
L’intolérance au lactose chez l’adulte provient d’une anomalie génétique héréditaire appelée déficit primaire en lactase, cependant, chez le nourrisson les causes sont différentes.
Le métabolisme du lactose : à l’origine de l’intolérance
Le lactose nécessite une hydrolyse enzymatique par la lactase présente dans le tube digestif. Celle-ci rompt la liaison glycosidique ce qui aboutit à la libération du D-glucose et du D-galactose, qui seront ensuite absorbés dans l’intestin grêle.
Dans le cas d’une défaillance de lactase, le lactose mal absorbé se retrouve dans le colon, ou il est métabolisé par les bactéries. Ces dernières utilisent le sucre comme nutriment et produisent des acides gras à courtes chaines, du méthane, du dihydrogène, du dioxyde de carbone, ou de l’acide lactique.[5]
4 types d’intolérance au lactose chez le nourrisson [6]
Les nourrissons ont suffisamment de lactase pour digérer un litre de lait maternel quotidiennement (soit 60 à 70 g de lactose). En effet, l’activité enzymatique est maximale à la naissance puis diminue vers 1 ou 2 ans en fonction de la consommation de lait. Chez certains enfants, l’activité lactasique disparait complètement, causant l’intolérance au lactose. Cependant, chez les jeunes enfants, l’intolérance est causée par des pathologies intestinales sous-jacentes. [5]
Il existe 4 causes à l’origine de l’intolérance au lactose chez les jeunes enfants.
Tout d’abord, chez les enfants prématurés, les entérocytes, qui se développent au cours du troisième trimestre de grossesse, ne sont pas fonctionnels. Or, ce sont ces cellules, recouvrant la paroi de l’intestin, qui expriment la lactase. Ainsi, ces nourrissons en sont privés et sont donc intolérants au lactose de façon transitoire. L’enfant retrouvera une activité lactasique avec la maturation de son système digestif.
Ensuite, il est possible que la cause soit héréditaire. Cette anomalie, très rare, peut provenir d’un déficit congénital en lactase qui s’exprime par une mutation du gène responsable de la synthèse de l’enzyme.
Le troisième type d’intolérance concerne uniquement les enfants plus âgés, c’est l’intolérance primaire. Elle est causée par une diminution précoce de l’expression de la lactase. Il s’agit du type le plus fréquent chez ces enfants.
Finalement, l’intolérance secondaire est une intolérance engendrée par une pathologie qui endommage l’intestin grêle et donc les entérocytes matures qui expriment la lactase. La plupart du temps, les intolérances secondaires sont réversibles. En effet, une fois la pathologie soignée et la muqueuse intestinale réparée, le lactose peut de nouveau être digéré pas le nourrisson. L’exemple le plus courant chez l’enfant est la gastro-entérite.
Ainsi, l’intolérance au lactose chez les moins de 5 ans est très rare. Elle est le plus souvent transitoire et elle disparait avec le traitement de la pathologie qui en est à l’origine.
Symptômes et conséquences de l’intolérance au lactose [5]
Les manifestations cliniques sont principalement digestives. Elles apparaissent quelques heures après l’ingestion de produits contenant du lactose. Il s’agit de douleurs abdominales, de flatulences, de ballonnements, de nausées et de vomissements. Les symptômes sont très variables et dépendent de l’enfant ainsi que de la quantité de lactose ingéré.
Adaptation de la consommation pour limiter les symptômes [5]
Lors des évictions temporaires ou non des produits laitiers, il faut assurer un suivi diététique afin d’éviter les carences nutritionnelles. En effet, les produits laitiers sont riches en vitamines B2, vitamine D et en calcium ; des micronutriments indispensables au bon développement du nourrisson. Concernant les intolérances secondaires, la réintroduction d’aliments contenant du lactose peut être tentée 2 à 4 semaines après la fin de la pathologie.
En règle générale, les aliments contenant du lactose ne sont pas à exclure totalement. Il est tout à fait possible de les donner à l’enfant en petites doses fractionnées au cours d’un repas, ce qui ralentit la libération du lactose dans l’intestin grêle.
APLV et intolérance au lactose : deux troubles à bien différencier
APLV et intolérance au lactose chez le nourrisson : des symptômes similaires
Ce qui rend le diagnostic aussi compliqué, c’est la similarité entre certains symptômes. En effet, les deux troubles induisent des problèmes digestifs tels que des ballonnements, des maux de ventre, des crampes abdominales, des gargouillements, des nausées et/ou des diarrhées.
APLV et intolérance au lactose chez le nourrisson : deux troubles très différents
Tout d’abord, l’APLV implique le système immunitaire. Certains symptômes sont donc caractéristiques d’une allergie, comme des éruptions cutanées avec démangeaisons, une respiration sifflante, un nez qui coule et une toux. Ces symptômes sont totalement absents en cas d’intolérance au lactose.[5]
Finalement, la similarité de certains symptômes et la différence des traitements rendent encore plus importante la différenciation des deux troubles. En effet, un mauvais traitement, une éviction non nécessaire, peuvent entrainer des carences inutiles en nutriments indispensables pour le bon développement des nourrissons. [6] Il est donc primordial d’effectuer un diagnostic précis et d’adapter convenablement le régime alimentaire de l’enfants.
Chez Lactalis Ingrédients, nous proposons des produits pauvres en lactose mais à la composition en protéines capable de fournir un bon apport en acides aminés. En effet, Prolacta® est développé à partir d’un processus assurant la conservation des propriétés nutritionnelles et fonctionnelles des protéines, tout en assurant une teneur protéique totale plus faible dans les formules infantiles. Ainsi, intégrer cet ingrédient dans les formulations infantiles contribue à la croissance et au bon développement des nourrissons intolérants au lactose. Néanmoins, de par sa composition en protéines de lait de vache, Prolacta® ne peut pas être utilisé en l’état pour les enfants souffrant d’APLV.
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Sources:
[1] Institut professionnel du lait de consommation, La composition du lait
[2] A.Giannetti, Cow’s milk protein allergy as a model of food allergies, Published online 2021 Apr 30. doi: 10.3390/nu13051525, https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC8147250/
[3] R.G.Heine, Lactose intolerance and gastrointestinal cow’s milk allergy in infants and children -common misconceptions reviseited, Published online 2017 Dec 12. doi: 10.1186/s40413-017-0173-0
[4] Vandenplas Y, Broekaert I, Domellöf M, Indrio F, Lapillonne A, Pienar C, et al. An ESPGHAN position paper on the diagnosis, management and prevention of cow’s milk allergy. J Pediatr Gastroenterol Nutr. 26 juill 2023
[5] F.Fassio, Lactose Maldigestion, Malabsorption, and Intolerance: A Comprehensive Review with a Focus on Current Management and Future Perspectives, 2018
[6] National Institute of Diabetes and digestive and kidney diseases